"Je me rappelle, quand j'étais en terminale dans un lycée de Man, il y a un élève de la classe qui par faute de moyens venait avec un sac de riz. Certains se moquaient ouvertement de lui, d'autres par contre murmuraient. Il faisait semblant de ne pas entendre ces critiques et ces moqueries de mauvais goût mais moi je savais que ça le blessait. Il restait très souvent seul au fond de la classe. Il ne parlait que quand on lui adressait la parole.
Ça me faisait de la peine. Mais que faire ? Je n'avais pas grand moyen pour aider quelqu'un. Je devais moi même lutter pour assurer mon petit dej à 10h. Plus le temps passait, plus certains élèves le stigmatisaient. À vu d'œil il craquait. Son statut de doublant n'était pas à son avantage. Il avait commencé à se renfermer au fil du temps, au point où il ne prenait plus la parole lors des cours.
Un jour j'ai décidé que cela devait cesser. J'ai acheté un petit sac de riz 5kg à 2500f, j'ai renversé mes cahiers à l'intérieur et j'ai pris le chemin de l'école. Un kaki propre, très bien repassé, un sous-corps blanc qui était visible au niveau du cou, une paire de soulier Lacoste que j'avais emprunté à mon grand frère et pour finir le sac de riz en main
. Je marchais fièrement dans l'école avec une démarche de mannequin (on dit je fais malin oh)
. Tous les regards étaient posés sur moi. Quand j'ai franchi la porte de la classe, j'ai vu des sourires se dessiner sur le visage des élèves. Je pouvais entendre "le boss tu as t*ué hein" "hannn tu connais style". Il faut dire que j'avais déjà une certaine côte dans la classe (parmi les meilleurs élèves). Les jours qui ont suivi, j'enchaînais les sapes avec mon nouveau cartable ( appelé le malo bôrô).
Celui qui était stigmatisé retrouvait le sourire... Les jours qui ont suivi, c'était devenu un style. On avait tous un sac de riz dans nos cartables. Une fois en classe, chacun sortait son sac de riz et on faisait le tour de l'école. Les élèves de la terminale D, les extremi*stes(comme je les ai surnommé) venaient avec des sacs de riz de 50kilo...
.
Ce que tout le monde voyait comme signe de pauvreté était devenu une mode.
On ne peut pas aider tout le monde, mais on peut tous aider quelqu'un
. Pensez-y